Sapristi N°3 est maintenant disponible dans les librairies parisiennes !

Interview de Photographe- Antoine Marceau : prendre de la hauteur et partir à l’aventure

S-Comment et quand es-tu arrivé dans le monde de la photo ?

A- J’ai commencé la photo en parallèle de mes études d’architecture. Ce sont deux domaines très liés, la photographie met en avant les qualités spatiales d’un lieu et l’architecture offre des jeux de lumière intéressants pour la photo. Ces deux disciplines utilisent la lumière comme matière première pour créer des compositions harmonieuses. Ma pratique photographique s’est donc tout naturellement enrichie de mon travail architectural et vis versa”.

SY a-t-il des rencontres, des lieux ou des cultures qui t’ont marqué lors de tes voyages ?

A- “La grande partie de mes voyages sont fait en autonomie, nous voyageons à 3 ou 4 photographes dans un van aménagé et cela nous donne assez peu l’occasion de faire des rencontres. Nous cherchons spécifiquement à partir quand il n’y a pas trop de monde pour être seuls sur les spots que nous souhaitons voir. C’est en lien avec ce qui me marque lors de mes voyages : le sentiment de solitude dans un espace gigantesque. Passionné de montagne et de grands espaces, j’aime me sentir tout petit face à la nature. Un sentiment que j’ai ressenti lors de mon dernier voyage dans les Highlands écossaises. Nous avons traversé des paysages désertiques sans aucune autre traces humaines que la route qui sillonne un décor dépourvu d’arbres sur des dizaines de kilomètres à la ronde”.

S- Voyager dans le monde entier pour prendre des photos peut sembler éprouvant et physique, y a-t-il des moments où tu t’es senti en danger pour prendre une photo ?

A- “ Un voyage photo est souvent assez éprouvant effectivement, on marche beaucoup, souvent dans des contextes montagneux ou avec beaucoup de reliefs. On dort peu, on se lève avant le soleil et on se couche après lui pour avoir les meilleures conditions de lumière. Physiquement ça devient vite exigeant et c’est là qu’on peut se mettre en danger. Il nous arrive de traverser des passages escarpés le long de falaises abruptes où la moindre erreur d’inattention pourrait être fatale. Pour avoir le meilleur point de vue sur un spot, il peut nous arriver d’escalader certaines parois très engagées. Fort de mon expérience en escalade je connais mes capacités et mes limites et je ne me mets donc jamais véritablement en danger mais ça n’est pas forcément donné à tout le monde”

S- As-tu une anecdote croustillante à nous raconter sur l’un de tes shootings ?

A- “ Pas forcément croustillante mais une belle anecdote. Nous étions en Suisse pour un long roadtrip à travers les Alpes et lors de notre dernier jour dans le pays nous avons fait une randonnée à la lueur des frontale pour arriver au sommet pour le lever de soleil. L’une des randos les plus dures qu’on ai faite, un dénivelé positif de plus de 1200m grimpé en 1h pour arriver pile au bon moment. Nous n’étions pas tout à fait seuls au sommet, une dizaine de bouquetins nous attendaient et ont assisté au lever de soleil sur le lac dans la vallée en contrebas. Nous sommes restés en leur compagnie pendant au moins une heure à quelques mètres d’eux. C’est pour ce genre de moment hors du temps que j’aime la photo de voyage”

S- Tu as une préférence entre l’argentique et le numérique ?

A- “J’ai appris la photo avec le numérique, j’ai toujours shooté au numérique et je n’ai jamais été attiré plus que ça vers l’argentique. Peut-être qu’un jour j’aurais envie de m’intéresser au sujet mais ça n’est pas encore le cas”

S- As-tu un appareil en particulier que tu affectionnes plus que les autres ? et pourquoi ?

A- “ Attention réponse clichée : le meilleur appareil photo c’est celui qu’on a avec soi. C’est une réponse qu’on entend souvent mais que je trouve très juste. Il peut m’arriver de ne pas avoir de boîtier avec moi et prendre une photo avec mon téléphone et pour autant ne pas être frustré de ne pas avoir mon boîtier. Ma pratique photo ne dépend pas vraiment d’un boîtier en particulier…, à un objectif à la limite. J’aime beaucoup le rendu d’un paysage shooté au téléobjectif où l’arrière-plan et l’avant plan se rapprochent, on perd encore plus la notion d’échelle et c’est exactement ça qui me plait”

S-Si tu devais conseiller nos lecteurs qui souhaitent se lancer dans la photo, quels conseils pourrais-tu leur donner ?

A- “Ne pas attendre d’avoir le dernier appareil, dernier objectif pour se lancer. Les investissements les plus importants sont la formation et se payer des voyages. Commencer par des voyages pas trop loin et pas trop cher pour se faire la main, trouver le bon rythme entre profiter du voyage et ramener de beaux clichés. Une fois que cet équilibre est trouvé, on peut commencer à viser de plus grosses destinations, investir dans du matériel dont on aura besoin en fonction des leçons qu’on aura tirées des précédents voyages”.

S- Quand tu te déplaces, le fais-tu d’une façon écologique ? 

A-“ Oui et non, je limite au maximum le recours à l’avion quand j’ai des alternatives terrestres mais comme je le disais je voyage beaucoup en van aménagé. Niveau bilan carbone ce n’est pas ce qu’on fait de mieux mais on essaye toujours de partir en France pour limiter les kilomètres. On s’autorise toutefois des voyages plus importants de temps en temps comme pour l’Ecosse. Dans une logique de rentabilité du temps, des kilomètres parcourus, on essaye toujours de trouver des spots intéressants sur le trajet tout au long du trip. On attache aussi de l’importance à partir avec des modèles de van récent, c’est moins instagrammable mais la consommation d’essence est bien plus raisonnable que les vieux moteurs des années 80. Sur nos derniers voyages nous avions des panneaux solaires et l’énergie dont nos appareils photo, drones et ordinateurs ont besoin pouvait au moins être fournie de façon écologique”.

S- T’est-il déjà arrivé de voir des lieux impactés par la pollution ou dégradés à cause de l’Homme ?

A-“ Malheureusement en voyageant beaucoup on voit l’impact du tourisme de masse sur une grande partie des spots qu’on voit. Le voyage le plus marquant reste tout de même celui dans les Dolomites. Nous y étions hors saison juste avant l’hiver et pourtant il y avait pas mal de monde (certains qui ont connu l’été nous on dit que ça n’était rien comparé à la pleine saison). Quelques lieux étaient totalement barricadés, des clôtures empêchaient de sortir du sentier et un seul point de vue était autorisé pour que tout le monde puisse prendre la même photo. Nous avions parfois la sensation de ne pas être les bienvenus en tant que touristes. Nous avons vite compris que les spots intéressants étant faciles d’accès, proches des parkings, et accessibles peu importe le niveau physique, des abus ont dû être commis. C’est une chose que l’on ne remarque plus du tout quand le spot demande un effort physique pour être atteint ou après une longue rando. Cette différence entre les spots reclus et les spots accessibles on l’a vu systématiquement durant ce voyage. Cela montre qu’il y a une mentalité différente dans l’approche du voyage si celui-ci demande un effort et ou non. Dans ce dernier cas les touristes prennent rapidement leur photo et partent aussitôt sur un autre spot prendre une autre photo et ainsi de suite. Un véritable effet Instagram qui met en avant les spots les plus accessibles qui deviennent donc les plus connus, puis les plus fréquentés et ceux qui souffrent le plus de ce tourisme de masse.

S- Aujourd’hui es-tu fier d’exercer cette profession ? Quels sont tes prochains objectifs et voyages de prévus ?
A- “ Qui ne serait pas fièr de vivre de sa passion et de pouvoir en plus de ça parcourir le monde ? Je prends un immense plaisir dans ce métier. Ce n’est pas aussi facile qu’on le pense mais quand on est passionné, motivé pour faire découvrir le monde à travers ses photos, la fatigue, le stress et la peur d’échouer disparaissent rapidement. Mon prochain gros objectif est de pouvoir raconter ces voyages en vidéo en plus de la photo et de pouvoir allier ce plaisir en travaillant avec les acteurs du tourisme local. Travailler avec des offices de tourisme ou des entreprises qui vivent de ces activités à travers le monde. Pour le prochain voyage j’aimerais beaucoup découvrir Madère, ces airs de bout du monde, un côté Jurassic park que j’aime beaucoup.

Plus de ses photos sur son site : Vidéaste photographe architecture Paris | Antoine Marceau

INSTA

 

SAPRISTI MAG is an independant exclusive magazine established in Paris, France.

Distinguishing itself from other magazines by its strong values, Sapristi is not afraid to stand up for sustainable and slow fashion, feminism, and pro LGBTQ+ art work. We give exposure to all those greats items created with a better future in mind and showcase amazing creative work. Sapristi aims to position itself as a blend of elegant photography, sustainable fashion, and well-being.